« Les Deux Papes » de Fernando Mireilles

Les Deux Papes

Dans ce film, le réalisateur imagine le cardinal Bergoglio rendre visite au pape Benoit XVI pour proposer sa démission. A partir de leurs différences, ils parlent de leur relation au pouvoir et leur lien avec Dieu. Et ils questionnent : Qui décide de son destin, où et comment trouver Dieu, comment dialoguer avec lui, le comprendre. Ces enjeux sont ici mis en lumière par la destinée de chacun de ses deux hommes qui seront tour à tour pape (je ne vous apprend rien).

Le Vatican apparaît comme une nouvelle tour de Babel. Les personnages sont partagés entre divergences publiques et moment d’intimité et recueillement, là où leurs doutes les rapprochent. En effet, ils sont confrontés aux problèmes de l’Eglise catholique, qui est touchée par de multiples scandales (mœurs, financiers), par des tiraillement sociaux (mariages des prêtres, ordination des femmes, ou des filles en tant qu’enfant de chœur) et par leurs divergences doctrinales. Deux mondes se rencontrent.

La mise en scène et les décors sont somptueux. D’ailleurs la chapelle Sixtine a été recrée, elle est le cadre de dialogues intimes, face aux chefs d’œuvre de Michael-Ange. Les acteurs habitent les décors sans s’y noyer; Anthony Hopkins incarne le pape Benoît XVI et Jonathan Pryce y joue le rôle du cardinal Bergoglio. Ils s’écornent, se cherchent, s’évitent et s’apprivoisent, à travers des joutes verbales dont le rythme happe le spectateur. Pour ma part j’ai énormément apprécié la composition et les échanges de ces immenses acteurs.

Ce film aborde de nombreux sujets: la foi, la destinée, la volonté divine; ainsi que la recherche et l’exercice du pouvoir, mais aussi la popularité et le temps qui passe. Par ailleurs, la narration invite le spectateur à écouter l’autre, par la confrontation des personnages que tout semble opposer. Ce film parle-t-il d’une réconciliation entre les « traditionalistes » et les « réformateurs » catholiques?

Le jardin du bien et du mal?

Pas vraiment. En effet le manichéisme des personnages est trop présent: Bergoglio est le gentil et Ratzinger le méchant. De plus, Anthony Hopkins qui s’énerve fait son effet! Par ailleurs, cher lecteur, vous savez que le pape François est très critiqué, et que des menaces de schisme plane sur son pontificat. De plus, lors d’une scène troublante, le pape Benoît XVI confesse d’avoir fermé les yeux sur la pédophilie dans l’Eglise, ce qui lui est reproché par le cardinal Bergoglio. Pourtant cette attitude est aussi reprochée au pape François mais ce n’est pas mentionné dans ce film.

Chaque « histoire inspirée de faits réels » est un travail de manipulation des faits. Cette manipulation n’est pas forcément malveillante, mais je rappelle que nous devons garder notre sens critique et confronter les points de vue. En tant qu’œuvre de fiction, je vous recommande de voir ce film si le cœur vous en dit bien que j’ai des réserves. Les imprécisions de ce film sont légions et je n’en ferai pas la liste.