Mithra, plongée au cœur d’un culte romain au musée Saint-Raymond

Avez-vous déjà croisé la sculpture d’un dieu à bonnet terrassant un taureau? Il s’agit probablement du dieu Mithra, originaire du panthéon zoroastrien, dont le culte à mystères s’est répandu dans l’empire romain du Ier au Vème siècle ap J-C.

Mithra tauroctone, sacrifiant le taureau, cette sculpture accueille les visiteurs.

La scénographie de l’exposition entoure un espace qui reconstitue le sanctuaire de Mithra, le mithraeum, c’est une très belle idée qui permet l’immersion du visiteur et mon espace préféré. Autour de ce sanctuaire, les espaces regroupent les œuvres et témoignages sur: les origines du culte de Mithra, le mythe en image (dont une vidéo racontant son mythe que je n’ai pas retrouvé malheureusement), les communautés mithriaques, et en conclusion le déclin et la survivance de ce culte dans la pop culture.

Son culte s’est éteint avec l’avènement du christianisme, des citations de Tertullien et de Justin atteste de cette confrontation. Cependant, sa redécouverte a enflammé la pop culture avec des scènes de légionnaires, de sacrifices, de feu. Le musée d’archéologie antique Saint Raymond fait le point sur les dernières découvertes, et calme l’ardeur de nos imaginaires manichéens.

Les apôtres, dans leurs Mémoires, qu’on appelle Évangiles, nous rapportent que Jésus leur fit ces recommandations : il prit du pain, et ayant rendu grâces, il leur dit : « Faites ceci en mémoire de moi : ceci est mon corps. » Il prit de même le calice, et ayant rendu grâces, il leur dit : « Ceci est mon sang. » Et il les leur donna à eux seuls. Les mauvais démons ont imité cette institution dans les mystères de Mithra : on présente du pain et une coupe d’eau dans les cérémonies de l’initiation et on prononce certaines formules que vous savez ou que vous pouvez savoir.

Justin, Apologie, I, 66

En effet, le culte de Mithra n’était pas limité aux légionnaires romains, bien qu’il se soit répandu par corporation ou lieux de vie, aussi, aucunes traces de sacrifice de taureau lors de cérémonie, parfois des os de bœufs ont été retrouvés dans les restes des banquets sans que cela soit une règle dans tous les sanctuaires.

Dans son mythe, Mitra naît d’une roche pour sauver la Terre et la Nature du désordre causée par Phaéton en poursuivant et sacrifiant un taureau. Il se bat ensuite contre le soleil mais refuse la couronne, préférant préserver les cycles cosmiques plutôt que de régner sur eux. Il est le lien entre la Terre et le Ciel, et bien plus encore.

«Quis custodiet ipsos custodes ?» Juvénal, trad: Qui garde les gardiens?

Et les mystères? Les cultes à mystères sont une forme de culte qui utilise l’initiation et la révélation pour mener à l’élévation spirituelle et morale. Les fidèles de Mithra ne se cachaient pas au reste de la société romaine polythéiste, bien que les mithraeums étaient soit enterrés, soit placés dans des bâtiments sans fenêtre ou faisaient place dans des grottes aménagées. Les mystères sont à vivre.

A 8:05 le mythe de Mithra en animation et à 11:25 reconstitution d’un mithraeum

Pour conclure, je suis toujours admirative du talent des sculpteurs antiques, et la perle artistique de cette exposition est la statue en marbre d’Arimanius, divinité à tête de lion, à quatre ailes et encerclé d’un serpent. Son exécution est parfaite, le marbre semble animé de vie.

Le temps s’est effacé lorsque j’ai contemplé cette statue.