« Comment Jésus est devenu Dieu » de Frédéric Lenoir

Dans ce livre, Frédéric Lenoir mène une enquête théologique. Qui est Jésus, quelle est sa nature? Est-il Dieu, ou est-il autre? Cet ouvrage fait suite au livre « Le Christ philosophe » qui traite de l’influence du message du Christ dans le monde moderne, malgré sa sécularisation.

« Jésus est le seul fondateur de religion, le seul grand sage ou mystique de l’histoire qui laisse planer un doute sur son identité véritable. »

Frédéric Lenoir
  • Cette enquête se divise en trois parties:
    1. Jésus vu par ses contemporains
    2. Jésus au pluriel
    3. L’homme-Dieu

Dans la première partie, Frédéric Lenoir revient sur le premier siècle de notre ère, l’ère chrétienne. En effet, la vie de Jésus s’est déroulée dans un contexte politique troublé, ou les prophètes sont nombreux. En Palestine se côtoie juifs, avec différentes sensibilité, et païens de tout l’Empire romain. Dans ce monde superstitieux, les faiseurs de miracles ne laissent pas indifférents: ils peuvent être adorés, ou punis, voir mis à mort. L’auteur explique ses sources et il s’attarde sur la définition des expression par lequel Jésus est qualifié ou lesquelles il se qualifie. Par exemple, l’expression « Fils de l’Homme » renvoie au livre de Daniel, où il est dit  » Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre ». Cette qualification permet de placé la rémission des péchés est au cœur de la foi chrétienne.

Lire avec un chat sur les genoux

Dans la deuxième partie, la nature de Jésus est débattue par les nouveaux chrétiens aux vues philosophiques et théologiques contrastés. En effet la foi chrétienne balbutie, et les chrétiens prosélytes se confrontent à la mise en pratique de leur foi. De plus, ils doivent expliquer qui était Jésus à ceux qui n’en avait jamais entendu parler et aussi à ceux qui ne connaissent pas l’Ancien Testament. Il se développe alors un foisonnement d’explications et d’écrits sur l’identité de Jésus, ou de la trinité, et par conséquent les pratiques et de mœurs chrétiennes se manifestent par une variété exubérante de dogme: pour les elkasaïstes Jésus est un ange, pour l’église de Marcion il n’est pas juif, etc. C’est l’un des temps de naissance de la gnose (ou des gnoses). Il se développe aussi de nombreux de groupes mystiques, avec ou sans transe, qui entraîne déjà, les guerres de clochers, à l’heure des maisons-église! Une hiérarchie émerge pour tenter de clarifier des points de discorde et choisir le corpus de texte qui constitue le Nouveau Testament (expression de Marcion).

« Pourtant, Constantin s’inquiète des divisions doctrinales qui minent l’unité des chrétiens. Les querelles sur l’identité du Christ, qui les déchiraient déjà sous les persécutions, sont loin d’être closes, et de nouvelles controversent surgissent. »

Frédéric Lenoir

Dans la troisième partie, la politique se mêle des dogmes chrétiens. Il faut dire que les chrétiens sont virulents et violents entre eux. Les discordes portent toujours sur la nature et l’essence de Jésus, de sa mère, et de la sainte trinité. L’Église séduit le pouvoir politique et les empereurs qui se succèdent, dans des jeux de pouvoirs et de conception … dogmatique. L’enjeu est l’unité. Les conciles accusent les uns d’anathème, les autres d’hérésie. Les vainqueurs d’un concile excommunient ceux … qui les avaient précédemment excommuniés! Ces querelles s’étendent dans le temps car certains hérétiques sont condamnés à l’exil, où ils convertissent, et leurs dogmes reviennent.

« Théodose interdit les cultes païens, les rapports entre le pouvoir politique et l’autorité ecclésiale se font de plus en plus étroits, et l’Église ne cesse de bénéficier de nouveaux privilèges, et surtout de nouvelles richesses, une fois autorisée à s’emparer des biens des temples païens au cours de ce que sont de véritables pogroms dont sont victimes les non-chrétiens ».

Frédéric Lenoir

« Jésus le Nazaréen » de Mika Waltari

Marcus Mezentius est un citoyen de l’empire romain. Il a hérité d’une grande fortune qui lui permet de parcourir le monde connu en cherchant un sens à sa vie. En arrivant à Jérusalem il est témoin d’une scène de crucifixion: celle de « Jésus le nazaréen, roi des Juifs ». Alors, le narrateur se transforme en enquêteur: qui était ce roi, quel est son royaume et pourquoi a-t-il été exécuté? Sa recherche le mène vers ceux qui ont croisé le chemin de Jésus, et il tente de comprendre le message de celui qui guérissait les infirmes et ramenait les morts à la vie.

Mika Waltari

« En voyant la couronne d’épines sur sa tête , il n’y eut en moi plus aucun doute que j’eusse trouvé celui que j’avais cherché, annoncé par la conjonction de Saturne et de Jupiter dans le signe du Poisson, le roi des Juifs, qui selon l’écriture devait venir pour gouverner le monde. »

Marcus Mezentius

Au début de son voyage, Marcus Mezentius fuit un amour charnel blessé. Il est le fils adoptif d’un poète astrologue. C’est un homme lettré et il a accès aux cultes à mystères de tout l’Empire ainsi qu’aux bibliothèques les plus réputés de l’Antiquité. Il y cherche la connaissance tout en menant une vie dissolue. Sa curiosité le porte à déchiffrer le message christique. Cependant de nombreux obstacles se dressent devant lui. En effet, soit les témoins de la vie de Jésus le rejettent, soit ils sont remplis de doutes et d’incompréhensions de l’enseignement reçu. Les signes sont accomplis mais la parole n’est pas comprise.

Mika Waltari a le don de nous transporter dans le temps, il est un merveilleux conteur. Dans ce récit, il nous transporte en Judée où la vie politique et religieuse est complexe. Le narrateur découvre la vie du Christ à travers les témoignages de ceux qui l’ont rencontré: les apôtres Jean, Mathieu, Luc, Thomas, Pierre, ainsi que Lazare, Marie de Magdala, Simon de Cyrène, Ponce Pilate, Suzanne, etc.

« Je ne peux […] te fréquenter davantage car tu es un Romain idolâtre. »

Marie de Beerot à Marcus Mazentius

Le récit explique aussi certains épisode de la vie du Christ comme la pentecôte ou l’ascension. Cette forme de récit rend plus compréhensible ces épisodes rapporté. De plus, à chaque rencontre, on croirait cette nouvelle foi est tué dans l’œuf, car le doute et la peur s’empare de ceux qui la porte. En effet l’époque est troublée: la corruption règne et l’élite religieuse, le Sanhédrin, semble plus préoccupé de ses propres intérêts que de ceux du peuple. Ces dissensions rappellent d’autres que nous vivons à notre époque.

« L’impudence de Caïphe a atteint de telles proportions qu’elle porte tort à notre industrie et à notre commerce. Il a octroyé aux seuls membres de sa famille le droit de vendre les animaux aux sacrifices et de changer de la monnaie dans l’enceinte du Temple »

Aristhènes à Marcus Mazentius

Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, elle m’a permis de mieux différencier les personnages du Nouveau Testament, notamment les femmes, surtout les femmes du nom de « Marie ». De plus, il est intéressant de comprendre ce que le riche Mazentius vient trouver dans le christianisme naissant ce qu’il ne trouvait plus dans les cultes à mystères de son époque.

Pour conclure, notre enquêteur résout sa crise de foi, et il nous démontre que si nous cherchons le chemin, c’est que nous sommes sur le chemin.